Gilles Babinet
Soirée TILT : 6 juin 2017
La digitalisation de l’économie
Le clip de la soirée
TROIS IDÉES CLEF à retenir de l’intervention de Gilles BABINET
Pour une majorité d’entre nous, les réseaux sociaux et les Smartphones sont les
éléments les plus visibles et aussi les plus importants de la révolution digitale. Or, si
la révolution digitale a réussi à nous prendre une part importante de notre temps
(nous passons désormais en moyenne 2,30 h par jour sur les réseaux sociaux…),
cela omet le fait que la révolution digitale :
1. a un impact sur le management des entreprises
2. concerne tous les secteurs d’activité
3. s’appuie sur le facteur multitude
1/ La révolution digitale est une révolution managériale
Il serait faux de ne voir dans la révolution numérique qu’un déferlement
technologique accroissant le potentiel d’activité de l’humanité.
Cette révolution, en réalité, est en train d’introduire des modifications profondes à la
nature même des entreprises.
Auparavant, l’absence de moyens efficaces de distribution de l’information imposait
le recourt à des organisations rigides, proches des modèles militaires, où la
hiérarchie est la règle principale et en conséquence l’expertise d’individus distingués
pour être leaders, essentielle.
Ce modèle de production, qui continue à être dominant, n’en est pas moins
soudainement dépassé.
Aujourd’hui, la coordination des collaborateurs et la valorisation du capital humain est
centrale dans la réussite. Le rapport à la hiérarchie est considérablement réduit.
Celle-ci n’intervient qu’en cas de décision essentielle, que les équipes ne
parviennent pas à trancher, ou en cas de disfonctionnement notoire d’une ou de
plusieurs sous-entités.
Bientôt, lorsque l’on regardera le fonctionnement des entreprises qui nous entourent
au quotidien, l’on les jugera aussi durement que nous jugeons aujourd’hui les forges
du XIXème siècle : comme des organisations totalitaires, dont des règles ubuesques
altèrent profondément le potentiel de leurs collaborateurs.
2/ les entreprises, quelles qu’elles soient, ont vocation à devenir
des plateformes.
Qu’il s’agisse de produire des réacteurs d’avions ou de vendre des services de
restauration à domicile, il deviendra progressivement impensable de ne pas
optimiser ces interactions avec les parties prenantes de l’entreprise (fournisseurs,
clients, salariés et toutes autres parties prenantes) en les automatisant autant que
possible et ainsi accroitre sensiblement leur productivité.
La plateforme traite la donnée produite par la multitude. Ainsi Uber est en relation
avec près de dix millions de clients et environ 200.000 chauffeurs, mais au delà de
cela, cette société interagît également avec de nombreuses banques, systèmes de
paiements, système d’information routière, réseaux sociaux… Plus elle interagît, plus
elle crée de la valeur.
L’idée que les entreprises aient à devenir des plateformes reste encore pour un
certain temps, une notion largement incomprise. Pour autant, il est difficile
d’envisager un autre mode d’évolution du monde productif : la puissance actuelle et
surtout future des plateformes est telle qu’elles ne resteront plus longtemps des
options.
3/ La multitude
L’illustration la plus forte est donnée par Wikipedia. Les chiffres donnent le tournis :
Wikipedia est visitée chaque mois par plus d’un demi-milliards de visiteurs et
propose près de 25 millions d’articles dans plus de 270 langues. Plus de 8000
articles sont créés par jour sur les différentes versions linguistiques du site et on
compte plus de 12 millions de modifications par mois.
La connaissance, auparavant accessible mais toujours payante est, sous réserve
d’avoir pu acheter un téléphone mobile, devenu massivement gratuite.
Ce qui est intéressant dans ce système, c’est la collaboration qu’il implique de la part
des utilisateurs. Chaque personne peut devenir un acteur du service et signaler en
temps réel un risque d’agression, qu’elle aurait constaté d’elle même.
C’est donc la communauté des utilisateurs qui crée, par l’utilisation du service,
l’information et non plus une équipe de spécialistes ou de journalistes, comme c’était
le cas avec la radio, ou la télévision.